On écoute une chanson et la journée est comme transformée en quelque chose de plus léger. Je dois prendre un rendez-vous pour la Panda, je rentre en louchant sur les Fiat 500, je vais voir le jeune vendeur, charmant. Il me la laisse essayer seule, je lui dis en riant que je suis ravie d’avoir fait sa connaissance ,mais que voilà adieu je pars avec la 500, démarrage sourire au vent. Je crois que sur la route d’Alata, je souris à peu près à tout ce que je croise, y compris aux panneaux de signalisation qui ont perdu tout sens . je virevolte dans le petit engin. Je sens bien la futilité. Enfin, Raffaele dirait que je suis devenue sacrément matérialiste, il sourirait, lui aussi. Il fait beau, je suis jeune pour quelques mois encore, ma santé pour l’heure ne présente aucun signe de ce qui finira sûrement un jour par me détruire, une molécule, une cellule…insouciance des jours heureux. Un fantasme absolument incongru naît dans mon esprit vagabond. Il faut se résigner à faire demi-tour. J’arrive, je crâne, « bon je l’achète », jusque là je ne suis pas très sérieuse. Il est vendeur, je suis déjà conquise, je rêve de franchir mes frontières maritimes avec le petit jouet blanc. Six mois, c’est long, c’est loin, le désir s’exacerbe. Une image me poursuit, brûlante. Je signe, un peu hagarde Bon vendeur,sourires, compliments, nous jouons à merveille nos rôles respectifs, il a tout à gagner, moi une folie entre les doigts : cette signature. Une somme effrayante, des délais, la tracasserie de la revente, tout le bordel des credits… je dis oui, je chante « fais comme l’oiseau ».. tout ça à cause d’une chanson…