Il pleut, je suis toujours à Ajaccio, de plus en plus à l'aise dans cet appartement. Forcément mon côté nomade se plaît dans les sacs qui voyagent (quand on pense que ma valise ritale n'est toujours pas vidée!). Je déteste l'hiver, je n'aime pas rentrer et savoir que mettre le nez dehors sera une volonté, un effort contre la nuit, la pluie... Peut-être parce que je n'ai pas de foyer, parce que mes lieux de vie manquent toujours singulièrement de confort.. sans doute aussi pour cela que la mort d'un chat est un vide. J'aime ouvrir une porte et être attendue , le chat est une grâce, pattes tendues en avant; dos rond, ronronnements, il danse autour des jupes, mène le chemin vers le câlin.. le pelage doux est pour les doigts un satin, un velours, la confiance est absolue. DEs amis me disent "prends un homme", remplace ton chat par un humain.. je souris...les hommes sont des animaux dont il faut se méfier, vaut mieux les laisser loin de l'intimité des jours...Un an que je n'ai pas dormi avec une bête de cette race... (j'ai bien dit "dormi," qu'on ne me prenne pas pour une nonnette quand même!), aucune nostalgie.. de toute façon insomniaque, attisée par l'aurore de toutes saisons, je ne pense pas être en symbiose avec grand monde. je n'aime pas dormir, c'est mou, ça n'avance pas, c'est perdu...je n'aime pas l'hiver parce c'est la saison où l'on dort, on se blottit, on s'immobilise. Je me sens comme une girouette rouillée qui tourne sur son axe, qui suit le vent de loin, de haut, qui regarde l'horizon intouchable, les brumes, les aubes mornes, les lumières ternes.. ha! je sais bien que c'est l'automne encore, mais les feuilles sont presque à terre. alors que viennent la bise sèche, le bleu dur, neiges d'étincelles...
